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Les particularités de la MAM

La communication gestuelle

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          L’enfant qui n’a pas encore acquis la parole a des besoins qu’il ne peut clairement exprimer. C’est alors par les pleurs qu’il va extérioriser un besoin et parfois, suivant son âge, par de l’agressivité. L’utilisation de la communication gestuelle va faciliter l’expression de l’enfant. Celui-ci apprend très vite à signer contrairement à l’acquisition du langage car il maîtrise son corps bien avant sa voix. Vers 7-8 mois il est capable de reproduire sciemment certains gestes. Ainsi, grâce à la langue des signes, un bébé qui voudra par exemple que vous lui chantiez encore une chanson aura la capacité de signer le mot « encore » pour en réclamer une autre.

Le fait d’être compris plus facilement positionne l’enfant dans un contexte de sécurité affective et diminue sa frustration. L’une d’entre nous ayant été formée à la communication gestuelle et l’ayant mis en place avec succès dans une précédente structure, nous avons décidé de la mettre en place auprès des enfants que accueillerons.

Il ne s’agit pas pour les professionnelles de signer des phrases entières mais seulement les « mots clés » de la phrase. Ainsi les verbes comme « manger », « changer » la couche, « dormir », « chanter » seront signés en même temps que la professionnelle les prononcera pour renforcer sa demande. Les mots utilisés sont les mots les plus courant qui font sens pour l’enfant « maman, papa, travail, livre, encore, gâteau, chat, poisson, chien, interdit, triste, content, maison, dormir ».

Le fait d’utiliser le langage signé apporte dans le lieu une ambiance plus apaisée. En effet les professionnelles signant doivent se déplacer face à l’enfant et se mettre à sa hauteur pour communiquer avec lui. Il n’y a alors pas d’interpellation de l’enfant d’un bout à l’autre de la pièce. Seul l’enfant concerné par la demande entend ou voit ce qui lui est dit. L’intimité est alors préservée notamment quand on propose à un enfant d’aller changer sa couche.

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Les mots

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          Une attention particulière sera portée sur les mots. Un enfant traitera les autres comme il a été traité. Les adultes qui s’occupent de lui sont le premier modèle auquel se réfère l’enfant. Il est donc primordial pour nous d’être vigilantes dans notre façon de nous adresser à lui.

Être bientraitant c’est être vigilant et positif dans ses paroles, ses gestes, ses attitudes, vis à vis de l’enfant et de ses parents mais aussi de soi-même. Connaître les besoins physiques, psychiques et affectifs des enfants ne suffit pas. La manière dont on va y répondre est essentielle. Il importe alors de considérer l’enfant comme un être en devenir, de s’adresser à lui comme une personne à part entière, digne de respect, avec un rythme propre et des habitudes. Prendre le temps d’observer l’enfant nous permettra de répondre de façon adéquate à ses besoins.

Afin de ne pas tomber dans ce que Christine Schull appelle les « douces violences » nous seront attentives à notre façon de nous adresser aux enfants et à leurs parents. Le terme « violence » est là pour montrer la puissance de l’impact des paroles prononcées par l’adulte touchant de plein fouet l’estime de soi, la sécurité affective de l’enfant, portant même atteinte à sa personne en le blessant. Le terme « douce » est là pour atténuer le mot violence puisque l’adulte n’a pas l’intention de faire du mal et n’a pas conscience de cela. Les « douces violences » font malheureusement partie du quotidien de nos enfants et ont même fait partie du nôtre. Nous disons violences, et pourtant ce ne sont pas les gifles, les fessées ou autres châtiments corporels dont il est question; ce sont plutôt des paroles, des jugements qui placent l’enfant dans une insécurité affective et le déconnectent de l’adulte. À ce moment précis, l’enfant n’est plus vu comme une personne à part entière. Ce sont des moments certes courts, mais qui se répètent plusieurs fois dans une même journée, le tout passant presque inaperçu.

Être bientraitant c’est respecter les émotions de l’enfant, lui permettre de les exprimer les accueillir avec empathie et l’aider à les reconnaître. C’est aussi éviter d’être dans le jugement de la famille de l’enfant et ne pas critiquer son parent, ne pas humilier l’enfant ou le dévaloriser ni se moquer de lui. C’est respecter un enfant qui dit « Non », l’encourager dans ses choix, ses tentatives, ses expériences. Il construira alors sa confiance en soi et son estime de soi, il prendra conscience de ses capacités et de ses limites par lui-même. C’est attendre la réponse de l’enfant quand on lui pose une question, lui permettre de participer à un acte que l’on fait sur lui (lui laisser le temps de tendre la main vers la manche plutôt que de l’attraper pour que ça aille plus vite).

Être bientraitant c’est aussi utiliser des paroles positives à la place des phrases négatives que l’on emploie à tout va. « Va doucement » à la place de « Ne cours pas » par exemple.

Accompagner l’enfant dans la construction de son estime de soi : souligner ses capacités de façon simple, sans en rajouter, l’encourager à tenter de nouvelles expériences tout en étant près de lui pour le rassurer si besoin. Lui expliquer que se tromper ou ne pas réussir n’est pas grave cela peut arriver à tout le monde.

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Initiation à l’anglais

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          Dans une société en pleine mutation, le bilinguisme est un gage d’adaptabilité ainsi que le choix éducatif de nombreuses familles qui souhaitent que leurs enfants soient plus autonomes, plus créatifs et ouverts à la diversité culturelle. Porteuses de ces valeurs en raison de nos expériences de vie, nous avons souhaité un lieu d’échanges, d’innovations et de créativité où la diversité culturelle ne serait pas considérée comme un obstacle mais comme un enrichissement profitable à tous, un formidable levier, facteur d’échanges. Nous avons voulu penser l’accueil du jeune enfant et de sa famille dans un espace ouvert à la différence et à la pluralité des références culturelles afin de répondre avec efficience aux besoins d’une dynamique urbaine en permanente évolution.

L’intérêt de cette immersion précoce est pluriel, tout d’abord l’enfant est capable de distinguer les plus petits sons jusqu’à environ un an. Ensuite son oreille se spécialise dans une ou plusieurs langues données et ne pourra entendre des sons trop différents. Il a également été démontré que l’immersion précoce permettait une activation différente des zones du cerveau et donc un développement cognitif plus actif. Sans effort, l’enfant va donc solliciter des connections neurologiques supplémentaires et cela lui permettra d’être d’autant plus efficace dans ses autres apprentissages. Il y a, de plus, bon nombre de familles anglophones qui ne parlent qu’anglais à la maison. Pour leurs enfants, nous proposons un lieu d’accueil où leur langue maternelle sera présente comme base de sécurité et où ils pourront alors apprendre le français tout en se sentant reconnus dans leur langue maternelle.

Après réflexion, nous avons décidé que chaque professionnelle garderait sa langue maternelle pour dialoguer avec les enfants. Ceci est un repère pour eux et pour les enfants la langue définit une personne. Tous les jours aura lieu un petit rituel pour se dire « Bonjour », « Comment ça va ? », « Qui est là ? ». Ce rituel qui annoncera le début des ateliers se fera 3 jours de la semaine en français et les 2 autres en anglais par alternance. Ainsi une plus grande place est laissée au français qui est la langue de notre pays. Les enfants très friands de mots nouveaux et de jeux de mots sont en général ravis d’utiliser des mots d’une autre langue. La langue employée sera utilisée pour décrire les actions de la professionnelle sur l’enfant ou sur un objet. Cette verbalisation régulière permettra aux enfants de se familiariser avec les deux langues et par la même occasion de développer leur compréhension. Celle-ci sera renforcée par l’écoute de comptines et des lectures qui sont également des objets culturels et qui donnent donc à l’enfant une ouverture sur le monde et ainsi, une vision tolérante de la différence. C’est donc une approche interculturelle. Notre objectif n’est pas de faire des enfants accueillis des enfants bilingues d’une part parce que ce n’est pas nécessairement le projet de la famille et d’autre part parce que l’environnement (francophone) ne le requiert pas. L’objectif n’est pas si ambitieux, il s’agit de proposer à l’enfant d’acquérir des compétences de compréhension dans cette nouvelle langue, aidé par le contexte de la vie quotidienne.

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Motricité libre

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          La motricité est une base incontournable de l’activité autonome mise en évidence par Emmi Pikler : l’enfant est toujours libre de choisir la posture qui lui semble être la plus adaptée pour ce qu’il est en train de faire. La motricité autonome permet l’activité autonome, besoin fondamental présent depuis la naissance.

L’enfant a besoin de voir son monde s’élargir de plus en plus. L’enfant est actif dès son plus jeune âge, l’objet de son action est lui-même. Il expérimente ses différents muscles, certains dont il ne se servait pas encore. Ce qu’il fait avec ses mains, ses membres, va lui servir pour la suite de ses apprentissages. L’aisance est acquise grâce à de nombreuses expériences. L’enfant va par exemple apprendre à tomber sans se faire mal. Il va faire appel à tout son répertoire pour choisir la posture la plus adaptée.

La motricité libre permet une variété de mouvements et de postures intermédiaires. Il se meut avec aisance et prudence. Le mouvement libre permet de découvrir ses propres capacités d’apprentissage à partir de ses propres échecs et réussites. Cela favorise une construction active de sa propre image corporelle, l’élaboration et l’unité de la construction de soi.

L’activité autonome n’est pas quelque chose qui se passe pendant un moment donné, c’est un mode de vie. Avec l’activité autonome, l’enfant va connaître ses limites, il maîtrise ses postures et sait ce qu’il fait. Quand il envisage une action, cette liberté intérieure et cette connaissance gestuelle font qu’il peut s’y engager ou recommencer en cas d’échec.

À la MAM nous feront attention à ne pas installer l’enfant dans une position qu’il ne maîtrise pas et dont il ne peut pas se sortir seul. Ainsi un enfant ne sera pas assis tant qu’il ne sait pas s’assoir seul et non pas dès qu’il tient assis seul. De même un enfant ne sera pas placé sous un mobile s’il ne peut pas avoir le choix de se déplacer. Nous faisons aussi le choix de ne pas utiliser de transat qui selon nous limitent la motricité de l’enfant.

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Activité autonome

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          Le libre choix, c’est la liberté pour l’enfant de choisir son activité, de créer ce qu’il veut et de disposer de ses créations. L’adulte lui reconnait le droit de participer ou pas, d’accepter et de refuser, et encourage ses expérimentations. L’enfant est libre de jouer comme il le souhaite, décidant du début et de la fin de son jeu, sans aucune obligation de résultat ni de production.

Dès lors, les professionnelles n’imposent ni jeu ni démarche et respectent les initiatives de l’enfant. Pleinement conscientes que « toute aide inutile est une entrave au développement de l’enfant » (Maria Montessori), elles n’interviennent que si celui-ci les sollicite, ou ne parvient pas à dépasser les difficultés rencontrées.

Dès son plus jeune âge, l’enfant s’éveille au monde. A travers le jeu, il explore, découvre, imagine, crée, invente. En lui donnant la possibilité d’expérimenter, l’enfant va reproduire, s’exprimer et ainsi développer sa capacité d’autonomie. Pour l’enfant tout est jeu (faire de la pâte à sel comme mettre ses chaussures). Aucun acte n’est à banaliser car c’est ce qui va permettre à l’enfant d’évoluer sur le plan moteur, sensoriel et intellectuel. L’enfant doit rester l’acteur principal et la notion de plaisir, le moteur du jeu.

« Le plaisir est le moteur de son activité et le déplaisir le frein de ses recherches » de Jean EPSTEIN.

En agissant et en veillant sur l’environnement de l’enfant afin que celui-ci soit adapté, les adultes proposeront à l’enfant un espace de découvertes permettant la libre expérimentation. En organisant les repères de lieu et de temps, les enfants pourront alterner entre les jeux libres, les ateliers ou les temps calmes : moments qui ponctuent les journées de l’enfant en collectivité.

Nous proposerons à différents moments de la journée des temps de jeux libres, où l’enfant aura accès à des jeux où il pourra manipuler ou exercer seul sa motricité fine, sa compréhension logique avec des petits plateaux où seront placés les jeux (type Montessori). Il y aura aussi des coins de jeux symboliques tels que dînette, poupée, construction, voiture, ferme… Les adultes seront alors disponibles pour les enfants et interviendront à leur demande ils sont dans une attitude d’observation bienveillante et sont une base de la sécurité affective des enfants. A d’autres moments, nous proposerons des temps d’activité en petit groupe où l’enfant pourra échanger avec l’adulte où les autres enfants sur son expérience. Ces temps sont l’occasion pour l’adulte d’une attention particulière portée à quelques enfants et non plus au groupe d’enfants. Cela permet à une personne autre que la référente d’être en interaction avec l’enfant et de l’observer. Ces temps en petits groupes peuvent aussi permettre aux enfants d’une même tranche d’âge de se retrouver, de ne pas être dérangés par des plus jeunes qui pourraient gêner leurs jeux. Cela permet en outre de diviser le groupe d’enfants en plus petits groupes ce qui permet à certains enfants de s’exprimer plus aisément en petit comité qu’en grand groupe mais aussi d’apaiser les enfants pour qui c’est éprouvant d’être en grand nombre toute une journée.

 

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Accompagnement vers l’autonomie 

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L’autonomisation est la base et le but de l’éducation, c’est amener l’enfant à être entrepreneur de sa propre vie. C’est essentiel.

L’autonomie c’est être capable de faire avec l’aide, puis sans l’aide de l’adulte. L’adulte ne fait pas à la place de l’enfant. C’est aussi amener l’enfant à faire ses propres choix.

L’autonomie peut être détaillée en 3 niveaux : l’autonomie affective et relationnelle qui consiste à faire sans la présence de l’adulte, l’autonomie intellectuelle représente le fait d’être en mesure de penser par soi-même et l’autonomie psychique qui est de prendre conscience de ses propres capacités.

Favoriser l’autonomie, c’est donc rendre possible et favoriser leurs initiatives. Par exemple, c’est permettre à l’enfant d’intervenir sur ce qui lui arrive (au moment du change de la couche, du repas…), lui laisser la possibilité de nous répondre, même à sa manière.

Maria Montessori disait à juste titre « N’aidez jamais un enfant dans une tâche qu’il pense être capable d’accomplir seul » car cela entamera sa confiance en lui.

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Quelques exemples :

Être autonome dans le choix de ses jeux ou des ateliers auxquels l’enfant participe.

Essayer de se déshabiller et de se rhabiller avant et après la sieste.

Mettre sa serviette de table seul, se laver les mains et s’essuyer seul, se moucher.

Monter ou descendre les escaliers.

Manger avec sa cuillère, se servir, débarrasser.

Tous ses actes demandent du matériel, un aménagement et du mobilier adapté à la taille des enfants et à leurs capacités. Cela demande aussi du temps et donc une organisation particulière des professionnelles. Ceci est un apprentissage en soi ce n’est pas du temps perdu, c’est pourquoi nous choisissons d’y accorder de l’importance.

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